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Le monde de la poésie n’a plus la cote en 2015 et c’est vraiment dommage. Parfois, les questions les plus profondes, les plus intimes, se nichent dans le verbe poétique… Impossible de les exprimer autrement, et même, impossible de les lire et de les partager autrement…
La poésie n’est pas une expression démodée, compliquée, élitiste, pénible, académique. C’est tout le contraire. Vous pariez ?…
« Poésie », cela signifie, en grec, « création ». En ce qui me concerne, la poésie complète mes romans. Les thèmes mis en jeu y sont les mêmes, strictement : un socle, la mort. Une quête de sens : le désir. Un pari : trouver une réponse. Un risque : dire un monde qui ne soit pas le bon. Une échappatoire : l’abyme absurde ne sert à rien si on ne le peint pas par le verbe. Une nécessité : partager une vision du monde à tous les lecteurs. Un trou béant : et si le verbe ne créait rien du tout, et s’il se contentait de donner des illusoires couleurs à l’abyme ?
Ma poésie, c’est cette impossible exploration de cette question de Voltaire, qui a fondé l’absurde, cette question primordiale : Pourquoi ? Ma poésie, elle a pour but de partager, et de fonctionner comme au XIXe siècle, en donnant en pâture au lecteur par les mots exactement ce que je veux lui donner. Exactement, parce que les textes sont vraiment conçus pour, ils sont patinés. Non, ce n’est ni démodé, ni compliqué, ni élitiste, ni pénible. C’est l’écriture qui est compliquée, pas la lecture. Partager le monde par le verbe, c’est compliqué. Le lire, c’est juste embrasser le monde, un monde, le mien, le nôtre.
Mais la poésie, c’est justement ce que je veux vous offrir : c’est ma quête.
Elle vint enfin, ses yeux de faon luisant d’un vide
Inquiétant. L’apparition emplit d’une joie
Illimitée la Trinité. Son corps livide
Luisait ; sa peau lisse, languide, était de soie.
L’apparition s’éjouissait des fleurs parfumées.
Innocente, elle susurrait des cantiques vides,
Sa voix éclatait dans le monde inanimé.
Notre âme se sentit soudain d’humeur avide.
Elle était très belle, l’idiote première femme,
Elle resplendissait, ses seins ronds comme vivant
Malgré elle, son corps fusant comme des flammes
Au gré des vents incertains de ses doigts fervents.
Nue, elle marchait papillonnant, absurde et
Pure, le ventre lisse et le sourire béant,
Sans savoir pourquoi elle bougeait, toute dardée
De rayons, Démiurge jaloux, en secret, l’aimant.
Elle était très belle, l’idiote première femme,
Mais inutile, seule avec l’Adam oisif,
Et elle s’ennuyait sans s’ennuyer, son drame
Etant d’errer dans un néant définitif.
Nue, elle marchait papillonnant, absurde et
Eveillant le désir de notre âme, Trinité
Sans repos désormais. Femme au corps fardé
De beauté, viens, tu jouiras de ta nudité.
Et du savoir, forme vide, tu tireras
Ta beauté fatale, bel amour, orgueil naissant,
Lilith est partie, la conscience t’aidera
Pour être pleinement, face au dieu finissant !
Je ne veux plus que toi, mon Eve à passionner,
Tu ne sais pas encore qui tu es, ô maîtresse
Inassouvie, mais rares seront les années
Où tu m’oublieras, ma bienfaitrice prêtresse.
Je est une ville
Elle se déroule la ville seule
Lueurs creuses
Et de pentes moirées
Se déroule
Nappe infinie de rugueur
Pleurs lenteur
Lèpre âpreté rance
Au dos des collines
Suaves
Terres rouges
Si belles
Sillonnées de croûtes
Immuable peau
Se plaque
Crépite et s’entremêle
Le ruban des rues molles
Brûle
Râle de bruits sombres
Où pas jouent bellement
Se cognant crissants
Sans fin
Mes pas
Coulent et perlent
Chats sourds apeurés
Lourds fardeaux clairs
Mouvants graciles pleurant
Eclairs courts
Et parcourent les rais bruns
Dansent ligneux entrelacs
Macabres frôlements
Râlent et rêvassent
Les pas gris raides
Hurlent
En les rues pentues
Cristallisés
Plantées raides
Dans mes entrailles
Bitumineuses
Chaque pas une parole
Abusant chaque Oeil
Rêve tranchant
Tous les rires
Ô vieux rires
Perdus loin dans soi
Au néant du corps
Sourire intact
Chaque pas crisse
Edenté
Abreuvant la bouche ouverte
Trop large
D’un soleil
Sans réveil aucun
Toi derrière sans pleur
Avis
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